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Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/808

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domestique de nos hôtes à celui qu’il croyait pouvoir jurer de me procurer. « Pour vous prouver que je suis sûr de moi, disait-il, je veux vous avouer que j’ai été frappé, à la première vue, de votre air bon et raisonnable. Je ne vous ai trouvée ni belle ni jolie, je ne savais pas qui vous étiez, je n’avais jamais entendu parler de vous ; et, cependant, lorsque j’ai dit en riant à Mme Angèle que vous seriez ma femme, j’ai senti tout à coup en moi la pensée que si une telle chose arrivait, j’en serais bien heureux. Cette idée vague m’est revenue tous les jours plus nette, et quand je me suis mis à rire et à jouer avec vous, il m’a semblé que je vous connaissais depuis longtemps et que nous étions deux vieux amis. »

Je crois qu’à l’époque de ma vie où je me trouvais, et au sortir de si grandes irrésolutions entre le couvent et la famille, une passion brusque m’eût épouvantée. Je ne l’eusse pas comprise, elle m’eût peut-être semblé jouée ou ridicule, comme celle du premier prétendant qui s’était offert au Plessis. Mon cœur n’avait jamais fait un pas en avant de mon ignorance ; aucune inquiétude de mon être n’eût troublé mon raisonnement ou endormi ma méfiance.

Je trouvai donc le raisonnement de Casimir sympathique, et, après avoir consulté mes hôtes, je restai avec lui dans les termes de cette douce camaraderie qui venait de prendre une sorte de droit d’exister entre nous.