Page:Schelling - Jugement sur la philosophie de M. Cousin, 1835, trad. Willm.djvu/33

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plus, intimes, sur ses pensées les plus personnelles, sur tout son être et sur tout ce qu’il produit.

Après ces considérations il sera facile de dire à quelles conditions une philosophie quelconque est transmissible, et comment la transmission doit se faire pour devenir utile.

D’abord nul système individuel ne peut se transmettre comme tel à un autre individu, par la seule raison qu’il n’y a pas deux individualités identiques, et que nul ne peut verser son ame dans celle d’un autre. Un système pourra s’imposer intégralement à des disciples par l’ascendant du génie, du caractère et de l’éloquence ; mais ce sera alors l’œuvre de l’autorité, de la persuasion, et non celle de la puissance victorieuse de la raison s’adressant à la raison : il y aura foi et non conviction, Aristote ne sera jamais Platonicien, et Fichte ne se contentera point de la philosophie de Kant. Mais, dit-on, le principe une fois admis, toutes ses conséquences ne le seront-elles pas nécessairement et avec elles tout le système ? Sans doute, mais ou donc est le système qui repose tout entier sur des faits et sur des principes incontestés ? D’ailleurs, en dépit des lois de la logique, on peut par sentiment se refuser à