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Page:Schelling - Jugement sur la philosophie de M. Cousin, 1835, trad. Willm.djvu/49

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sa vivacité propre n’est pas l’attention qui s’y applique, et sans laquelle, plus la sensation serait exclusive, moins elle serait perçue. »

Jusqu’ici, c’est-à-dire pour ce qui est de la reconnaissance du fait de la spontanéité ou de la volonté, considérée comme une source de phénomènes psychologiques indépendante de la sensation, il paraît que M. Cousin avait été précédé par M. Maine de Biran. Mais celui-ci s’était arrêté là, tandis que M. Cousin reconnut et distingua des faits sensibles et des faits volontaires, un troisième ordre de faits non moins réels, les faits rationnels. Au-dessus de la sensibilité et de l’activité il place la faculté de connaître, qu’on appelle la raison. « On pense comme on peut, non pas comme on veut, dit-il ; saisir, reconnaître une vérité, est un fait simple, indécomposable, sui generis, qui ne peut se réduire à la simple volonté attentive, non plus qu’à la sensation. Non-seulement je sens, mais je sais que je sens ; non-seulement je veux, mais je sais que je veux ; et ce savoir-là est tout-à-fait distinct de la volonté. D’ailleurs la seule volonté pourrait donner tout au plus l’idée de cause, mais non le principe de causalité ni l’idée de substance ; et c’est pourtant par-là seulement que nous pouvons nous élever jusqu’à l’idée de la cause suprême et de Dieu. » Selon M. Cousin, Maine de Biran, s’il eût vécu davantage, aurait fini comme Fichte, « le