Page:Schelling - Jugement sur la philosophie de M. Cousin, 1835, trad. Willm.djvu/50

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grand représentant, le véritable héros de la philosophie de la volonté et du moi ; dont la théorie est la même que celle de M. de Biran, mais plus profonde encore dans ses bases psychologiques plus rigoureuse dans ses procédés, plus hardie dans ses conséquences ; cet idéaliste intrépide, ce stoïcien théorique et pratique, duquel on ne saurait pas dire si le système est plus fait pour le caractère ou le caractère pour le système ; cette tête et cette ame si bien d’accord, cette nature si une et si ferme, cet homme fort par excellence, et précisément parce qu’il était fort, ne peut tenir jusqu’au bout dans le cercle aride où l’entraînait la rigueur de l’analyse et de la dialectique. En dépit de l’une et de l’autre, et quoi qu’il en ait dit, il changea de doctrine ; et sortant du moi, il invoqua une intervention divine, une grâce mystérieuse qui descend d’en haut sur l’homme. Mais, pour que cette grâce nous éclaire et nous persuade, il faut bien qu’elle rencontre quelque chose en nous qui puisse la reconnaître, l’accueillir, la comprendre[1]. »

« Cette faculté supérieure, encore une fois, continue M. Cousin[2], c’est la raison qui, si elle n’eût pas

  1. Préface des Nouvelles considérations sur les rapports du physique et du moral de l’homme, p. XL.
  2. Ouvrage cité, p. XLI