Page:Schelling - Jugement sur la philosophie de M. Cousin, 1835, trad. Willm.djvu/63

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M. Cousin a exposé avec tant de vérité et d’éclat, bien que cette dénomination ne nous paraisse pas tout-à-fait convenable. Toutefois cette préparation elle-même n’est nécessaire que subjectivement, pour celui qui est encore à s’élever vers cette philosophie ; elle n’est nécessaire que pour l’intelligence de cette proposition par laquelle elle pourrait commencer : je ne veux pas seulement connaître l’être pur, je veux connaître l’ÊTRE RÉEL, ce qui EST, ce qui EXISTE.[1]

  1. Je ne sais si j’ai rendu parfaitement cette formule, qui paraît être le point de départ de la nouvelle philosophie réelle de M. de Schelling « Ich will nicht das blosse Seyende ; ich will das Seyende, das Ist oder existirt. » Il a ajouté ici la note suivante : « A la place de l’Être en soi (ce qui n’a plus que le seul caractère de l’existence ou de la substance, des blossen Seyenden), la plus générale de toutes les notions logiques ou rationnelles, la philosophie dont nous venons de parler (celle de Hegel), a mis l’Être pur, l’existence pure (das reine Seyn), l’abstrait d’un abstrait ; notion pure, en effet, puisqu’elle est absolument vide, et qui, par cela même, est identique au néant, mais dans un tout autre sens encore que celui dans lequel elle la donne elle-même pour cela ; elle n’est rien, à peu près comme la blancheur sans rien de blanc, ou le rouge sans rien de rouge. Poser l’Être comme le premier, c’est le poser sans ce qui est. Mais qu’est-ce que l’Être ou l’existence sans une chose qui soit ? Ce qui est, est le premier ; son existence ou son être n’est que le second et ne peut être conçu pour soi. De la même manière l’idée de naître ou de naissance, prise abstractivement (das blosse Werden), est une pensée tout-à-fait vide. Et ce sont ces idées creuses et vides que l’on a prises pour de la profondeur ! »