Page:Schelling - Jugement sur la philosophie de M. Cousin, 1835, trad. Willm.djvu/80

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Note à la page 32.

Nous allons expliquer, autant du moins que cela nous sera possible, cette expression de procès, qui joue un si grand rôle dans la langue philosophique de Schelling et de Hegel. Ce mot, tiré du latin, où, comme chacun sait, il ne signifie pas seulement l’action de sortir de quelque part pour marcher en avant, mais encore accroissement et progrès, avait été depuis long-temps employé en Allemagne dans la terminologie de la chimie. On appelait procès chimique (chemischer Prozess), cette série de modifications que les corps éprouvent par des réactions intérieures, qui sont successivement effets et causes, et produisent pour dernier résultat un composé nouveau. En empruntant cette expression à la chimie, M. de Schelling lui a donné le sens de travail progressif, de développement successif, produisant une série de formes transitoires dans l’intérêt d’une forme définitive. Dans tout développement il y a un point de départ et une matière donnée, un état primitif, ensuite des degrés de formation, des moments de développement, qui peuvent être considérés en eux-mêmes comme ayant produit une forme déterminée, mais qui, relativement au but général, ne sont que des moyens destinés à préparer et à amener, un dernier résultat, le dernier terme du travail, la fin du procès. Hegel s’est beaucoup servi de ce mot dans son histoire dé la philosophie. Ainsi, par exemple, la manière dont les Ioniens expliquaient l’univers par les transformations successives d’un élément primitif, il l’appelle procès. En traitant de la philosophie d’Héraclite, il nomme le mouvement éternel