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mes prédécesseurs

que l’ignorance l'empêche d’avoir une volonté libre pour choisir le bien, ni que par la résistance habituelle de la chair, dont les forces et les révoltes se sont en quelque façon naturellement accrues par la succession des temps, et des hommes sujets à la mort[1], il voie ce qu’il faudrait faire, et qu’il le veuille sans le pouvoir accomplir. » Et dans l’argument précité : « Si donc la volonté même n’est délivrée par le secours de Dieu de la servitude qui la fait devenir esclave du péché, et si elle n’est aidée pour vaincre les vices, les hommes mortels ne peuvent vivre ni avec justice ni avec piété. » D’autre part cependant trois motifs le sollicitaient à défendre le libre arbitre :

1° Son opposition envers les Manichéens, contre lesquels les trois livres sur le libre arbitre sont expressément dirigés, parce qu’ils niaient le libre arbitre et admettaient une autre source du mal moral et du mal physique. (Le principe du mal, Hylé). C’est à eux qu’il fait déjà allusion dans le dernier chapitre du livre de animæ quantitate ; « L’âme a reçu en don le libre arbitre, et ceux qui essaient de le lui contester par des raisons frivoles (nugatoriis) sont tout à fait aveugles. »


    tante.) — Les mots entre crochets sont omis par Schopenhauer, dont la citation tronquée est inintelligible.

  1. L’expression de Saint-Augustin est très-belle : « Violentia mortalis successionnis. » Cf. le mot célèbre du même Père : « Lex peccati est violentia consuetudinis. »