Page:Schwob - Mœurs des diurnales, 1903.djvu/17

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idéaliste, varier les ambiances, colorer les atmosphères, parisianiser les cadres, nimber les veuleries quotidiennes d’un joli ton qui chante le long des colonnes, passer de l’épique au gracile, de la capiteuse mousse mondaine des échos aux nécessités protéiformes du fait divers, être parfait journaliste enfin, n’est pas, comme dit l’autre, une petite affaire.

M. le vicomte Sosthène de la Rochefoucauld glissait un jour à un débutant : « Vous avez une jolie plume, jeune homme : cultivez-la, cultivez-la. » C’était le mot de la situation. Il faut cultiver sa plume. Plume agile et bien taillée, plume vivante, nourrie et légère, spirituelle et émue, sceptique et convaincue, éminemment parisienne, — en prenant ce mot dans le meilleur sens — qu’elle coure, qu’elle palpite dans son gentil frisselis sur la table volante du journaliste[1].

Vous avez, chers Confrères, d’illustres devanciers qui ont pu répéter, bravant d’avance les impitoyables ciseaux des jeunes chroniqueurs, le déli-

  1. Quelques-unes de ces élégances ont été empruntées à la Chronique théâtrale du Temps (24 novembre 1902). Reddate Cæsaro quod est Cæsari