Page:Segur - La Fortune de Gaspard.djvu/176

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de Gaspard à mille francs, puis à deux mille, et enfin à trois mille.

À chaque augmentation, Gaspard faisait paraître une reconnaissance et une joyeuse surprise qui flattaient l’amour-propre du vieux Féréor ; il vantait sans cesse la générosité, la bonté de son excellent maître ; ces paroles, rapportées par les espions, augmentaient sa faveur.

De temps à autre les paroles du maître d’école revenaient à l’esprit de Gaspard ; sa conscience n’était pas tranquille. Il sentait bien qu’il n’avait pas assez d’affection pour ses parents et que M. Féréor n’était pour lui que le moyen d’arriver au but de ses désirs ; malgré lui, son cœur sec et égoïste lui reprochait quelquefois sa conduite envers ses camarades. Chaque jour il faisait un nouveau procès dans la confiance de son maître, mais l’ambition qui le dévorait ne lui laissait que la joie d’un succès qu’il sentait n’être pas à l’abri de tout blâme.

Vignette de Bertall
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