Page:Segur - La Fortune de Gaspard.djvu/188

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Guillaume.

Pour ça, oui, c’est moi-même qui l’ai fouillé, et rudement, je vous assure. Il ne m’en fait pas d’autres, ce polisson. Il oublie tout, il brouille tout. Savez-vous ce qu’il présente aux gendarmes en guise de passe ? un vieux reçu d’impositions d’il y a trois ans. Et c’est qu’il leur soutenait que c’était bien ça. On l’a mené chez le buraliste, qui n’y était pas ; c’était la femme qui faisait le bureau, elle ne se souvenait de rien. Les gendarmes ont trouvé du louche dans l’affaire, et ils sont là à faire leur procès-verbal… Cinquante francs d’amende ! C’est-il du guignon !

La mère Thomas.

Si votre garçon avait su lire, père Guillaume, il n’aurait pas pris un papier pour un autre.

Guillaume.

Ah ! ne m’en parlez pas. Si c’était à recommencer, je l’obligerais bien à aller à l’école et à savoir lire ; mais il est trop grand, maintenant ; sans compter qu’il a la tête dure et pas de mémoire. Allons, à revoir, mère Thomas. Suis-je vexé, mon Dieu ! Ce mauvais drôle ! Il me les payera en détail, mes cinquante francs.

Et le père Guillaume s’en alla plus lentement qu’il n’était venu.

Vignette de Bertall
Vignette de Bertall