Page:Segur - La Fortune de Gaspard.djvu/339

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son père, qui était couché, mais qui ne dormait pas encore. Gaspard lui raconta le peu de mots qu’ils s’étaient dits. M. Féréor ne répondit pas et dit bonsoir à Gaspard, qui se retira. Gaspard rentra chez lui pensif et mal à l’aise.

Ses sentiments de pitié pour Mina et de regret de sa propre conduite le dominaient de plus en plus. Il se sentait plus touché de la douceur et de la réserve de la pauvre Mina à mesure qu’il découvrait l’injustice des préventions qu’il avait eues contre elle.

« Je crains d’avoir été dur, grossier même, pour cette pauvre petite. Il me paraît évident que son père l’a forcée à m’épouser, qu’elle n’en avait aucune envie ; il est certain qu’elle était malheureuse chez elle, d’après, du moins, ce qu’elle a dit à mon père. La pauvre enfant semblait terrifiée ; je lui fais peur ; et elle doit avoir peur, d’après ma conduite à son égard. Si elle avait été ce que je croyais, la doublure de son gueux de père, ce serait bien ; mais une si charmante enfant ne devait pas s’attendre à être traitée avec cette froideur, cette grossièreté même… Que faire maintenant ! Je consulterai mon père demain. »

Vignette de Bertall
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