Page:Senancour - Rêveries, 1833.djvu/361

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

n’allât pas jusqu’à se croire suffisamment justifié malgré des défauts réels ? Il est bon d’avoir, et des ouvrages qui instruisent, et d’autres moins réguliers. En exerçant la pensée de diverses manières, les uns enseignent le vrai, les autres disposent à l’aimer : les livres qui contiennent moins de choses utiles, en feront peut être rencontrer davantage. On préférera les premiers dans les momens d’étude : mais on parcourt les autres en attendant l’ami qui viendra jaser auprès des vieilles charmilles.

C’est en 1799 que cet écrit parut. La seconde édition eut lieu en 1809. La première ayant été enfouie dans les magasins d’un spéculateur étranger à la librairie (parce que l’imprimerie de l’hôtel B…… avait été vendue à l’improviste), le libraire entre les mains de qui tombèrent ces ballots trois ans plus tard, imagina de changer le frontispice des Rêveries, et d’y mettre le mot seconde édition. Je n’étais pas en France. Le même libraire, digne du reste de beaucoup d’estime, se chargea ensuite de la deuxième édition, qui fut désignée seulement comme nouvelle, et non comme troisième ou comme seconde, parce que je ne pouvais approuver le fait antérieur, et que toutefois je désirais ne le pas démentir. C’était un ménagement naturel à une époque où l’exactitude en cela n’avait plus aucune importance ; mais, en qualifiant de troisième l’édition présente, il faut donner ces éclaircissemens.

De nombreux changemens avaient été faits, pour l’édition de 1809. Celle-ci en a subi d’aussi grands. Il serait difficile de les multiplier davantage sans dénaturer entièrement les anciennes Rêveries. Dans le principe, l’auteur peut avoir eu tort de publier, étant si jeune, ses idées sur