Page:Senancour - Rêveries, 1833.djvu/368

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débile raison. L’existence d’un seul homme, ou l’existence d’un tout vivant est pour nous la plus grande des merveilles. On peut entrer dans plusieurs détails qui intéresseront sous divers rapports ; mais ces dissertations ne fourniront aucun moyen de comprendre la formation, ou la raison première d’aucune chose.

Note F. (p. 33)

Voltaire qui ne fait pas autorité en cela, mais auquel il faut répondre parce qu’il a de très-nombreux lecteurs, Voltaire a cru réfuter les objections reproduites par Berkley contre l’étendue des corps, ainsi que les doutes relatifs à l’existence positive de la matière.

Berkley observant qu’un verre interposé peut changer les dimensions apparentes, demandait quelles dimensions il fallait admettre comme positives. « Il n’avait qu’à prendre une mesure, répond Voltaire, et dire : De quelque étendue qu’un corps me paraisse, il est étendu de tant de ces mesures. » C’est répondre comme l’enfant à qui on demande pourquoi une pierre tombe. C’est bien simple, dit-il, elle tombe parce qu’elle est lourde. Le malheur a voulu que Voltaire ajoutât ces lignes indiscrètes : « Le paradoxe de Berkley ne vaut pas la peine d’être réfuté ; il ne tenait qu’à l’évêque de Cloïne de ne pas tomber dans l’excès de ce ridicule. » Prononcer avec assurance sur ce qu’on ne se donne pas la peine de comprendre, c’est en quelque