Page:Senancour - Rêveries, 1833.djvu/382

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doute, mais trop bornées pour être décisives. C’est d’ailleurs une grande différence de chercher ce qu’il faudrait, ou de prétendre dire ce qui convient positivement. Enfin, c’est avec bonne foi qu’on doit lire celui qui n’écrira jamais une ligne dans d’autres dispositions.

Qu’y aurait-il de plus propre à éloigner tôt ou tard des idées religieuses, qu’une religion fausse, une doctrine dévotement impie. Ceux qui veulent absolument qu’on place un peuple sous une religion, fût-elle d’invention humaine, sont le jouet d’une crainte très-profane et qui les rend déraisonnables. Toute religion particulière non révélée est fausse et ténébreuse. Or, il n’est point de révélation expresse, ou il n’en est qu’une. Excepté cette révélation unique, ce qu’on prescrit au nom du ciel est une œuvre de mensonge, et tout mensonge sérieux est funeste. Quant aux sentimens religieux, s’ils sont universels, ils sont donc révélés en ce sens qu’ils forment une partie nécessaire du développement de notre intelligence reçue d’en haut.


Il n’est pas surprenant que l’on se soit trompé sur quelque différence qui existe entre Obermann et le Solitaire des Libres méditations. Cette sorte d’inadvertance provient de ce que l’éditeur de l’un et de l’autre n’a pu suivre son idée première, et de la difficulté que plusieurs personnes éprouvent à considérer les notions religieuses fondamentales comme indépendantes des croyances accidentelles de chaque pays. Obermann, dit-on, se permet quelques sarcasmes relativement aux objets de la foi. Cela est possible quant aux superstitions. À l’égard des idées reli-