Page:Senancour - Rêveries, 1833.djvu/383

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gieuses plus simples et plus pures, Obermann peut douter, mais assurément sans dédain. Le Solitaire des Libres méditations est moins jeune, il est dans toute la force de l’âge. Ayant fait des réflexions qui lui paraissent plus profondes, il doute aussi ; mais il insiste beaucoup plus sur la vraisemblance des idées religieuses auxquelles conduit l’étendue de la pensée. Sans doute Obermann aurait jugé de même un peu plus tard. Supposons que ces deux personnages n’en soient qu’un sous deux noms différens. Après avoir renoncé au téméraire enseignement des sectes, il ne trouve d’abord que le doute ; mais ensuite il croit sentir fortement que le monde vrai, le monde caché est l’expression d’une pensée divine. Telle peut être la marche de l’esprit de l’homme dans son indépendance. Quant à l’éditeur d’Obermann et des Libres Méditations, en cas que sa profession de foi devienne nécessaire, il dira ici, comme auteur des Rêveries, qu’il s’attache aux idées religieuses, soutien du génie, ou du cœur de l’homme, et qu’il les croit vraies, s’il est quelque vérité qui se dévoile à demi pour notre faible intelligence ; mais on ne le verra pas descendre de ces hauteurs divines jusqu’aux petites croyances dogmatiques des sectes passionnées.

Note S. (p. 261)

Une substance invisible, disent-ils, une émanation particulière de l’Être principe, est formée exprès pour se joindre au corps, et elle n’agit que par les organes maté-