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Page:Senancour - Rêveries, 1833.djvu/390

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été transmise[1]. La Grèce si désunie a fait pourtant des efforts remarquables par la pénétration, la grâce ou l’indépendance.

Quelques peuples descendus des hordes qui ont divisé l’Occident romain, semblent jaloux de remplacer à leur manière cette grandeur détruite par leurs ancêtres. Dans la France, dont la langue susceptible de justesse acquiert de l’étendue, l’esprit humain se livrera sans doute aux progrès qui paraissent naturels lorsque de fortes catastrophes ne viennent pas les interrompre, et lorsqu’il existe de faciles moyens de communication.

L’éloquence passionnée, le premier charme de l’expression, les idées ingénieuses, mais inexactes, préparent seulement l’impulsion que recevra la pensée des générations instruites. L’impartialité dans les recherches, et l’étude des vrais besoins du cœur, voilà ce qui seul perfectionne les institutions, ce qui pourra contribuer un jour à la vraie prospérité des peuples. Par cette marche laborieuse peut-être se replacent-ils au point, déjà tardif alors, où ils étaient arrivés avant le dernier bouleversement qui les replongea dans l’ignorance, et qui les livrant à des folies stupides,

  1. « Les ruines merveilleuses de Meroë révèlent la somptueuse architecture d’un peuple dont les idées nous sont inconnues, mais qui a écrit sa pensée religieuse et sublime en pierres de soixante coudées et dont les dieux de granit semblent murmurer : Nous sommes vieux, plus que les vieux dieux de l’Égypte. » Ces trois lignes sont tirées d’un fragment, plein de recherches (par M. Ferd. Denis), et si bien placé dans le Manuel du Peintre, etc., par M. Arsenne.