Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1866, tome 3.djvu/61

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armées, il y avait un grand marais, que le comte de Richmond laissa sur sa droite, dans l’intention d’en faire un rempart pour son flanc ; par ce mouvement, il mit le soleil derrière lui et en plein sur le visage de ses ennemis. Quand le roi Richard vit que les compagnies du comte avaient passé le marais, il commanda en toute hâte de marcher sur elles. Alors les trompettes retentirent, et les soldats crièrent, et les archers du roi firent vaillamment voler leurs flèches : les archers du comte ne restèrent pas inactifs et ripostèrent vigoureusement. La terrible décharge une fois passée, les armées s’abordèrent et en vinrent aux mains, n’épargnant ni la hache ni l’épée ; et ce fut alors que lord Stanley fit sa jonction avec le comte… Tandis que les deux avant-gardes combattaient ainsi mortellement, chacune voulant vaincre et écraser l’autre, le roi Richard fut averti par ses éclaireurs et par ses espions que le comte de Richmond, accompagné d’un petit nombre d’hommes d’armes, n’était pas loin : s’étant approché et ayant marché vers lui, il reconnut parfaitement son personnage à certains signes et à certaines particularités sur lesquels il avait été renseigné. Enflammé de colère et tourmenté par une haineuse rancune, il enfonça ses éperons dans les flancs de son cheval, galopa hors des rangs de son armée, laissant l’avant-garde combattre, et, comme un lion affamé, courut sur le comte, la lance en arrêt. Le comte de Richmond aperçut bien le roi qui venait furieusement à lui ; cette bataille devant décider de toutes ses espérances et de tous ses projets de fortune, il saisit avidement cette occasion de se mesurer avec son ennemi, corps à corps et homme contre homme. Le roi Richard s’élança si vivement que du premier choc il abattit le drapeau du comte en tuant son porte-étendard, sir William Brandon, renversa hardiment, après une lutte à