Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Montégut, Hachette, 1873, tome 10.djvu/136

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Sous son toit radieux. — Partons, et pour être heureux, Accomplissons avec soin ses grands commandements.

(Les fantômes s’évanouissent.)

POSTHUMUS, s’éveillant. — Sommeil, tu as été un aïeul, car tu m’as engendré un père, et tu as créé une mère et deux frères ; mais, — ô, dérision ! — ils sont partis ! ils se sont évanouis aussi vite qu’ils étaient nés. Maintenant me voilà réveillé. — Les pauvres misérables qui comptent sur la faveur des grands rêvent comme je l’ai fait, se réveillent et ne trouvent rien. — Mais, hélas ! je divague : combien sans rêver à la fortune et sans la mériter, sont cependant comblés de ses faveurs ; et c’est là mon cas, à moi qui viens d’avoir l’heureuse chance de ce rêve, sans savoir pourquoi. Quelles fées hantent ce lieu ? Un livre ? Oh un beau livre ! Ne ressemble pas à notre monde aux, trompeuses apparences, que ton vêtement ne soit pas plus noble que ton contenu : réponds à ton aspect, et, à l’inverse de nos courtisans, sois aussi bon que tes promesses. (Il lit.) « Lorsqu’un lionceau à lui-même-inconnu trouvera sans la chercher une créature délicate comme l’air et sera embrassé par elle ; lorsque les branches coupées d’un.cèdre royal, mortes depuis de nombreuses années, revivront, se rejoindront au vieux tronc et reverdiront, alors Posthumus verra la fin de ses misères, la Bretagne sera fortunée et fleurira dans la paix et l’abondance. » C’est encore Un rêve, ou bien cela est de l’étoffe de ces. discours des fous, qui sont engendrés par la langue sans le secours du cerveau : c’est l’une ou l’autre chose, où ce n’est rien. Ou bien ces paroles n’ont pas de-sens, ou bien elles en ont un* que le bon sens ne peut à lui seul découvrir. Qu’il soit ce qu’il voudra, les péripéties de mon existence ressemblent à ce livre, et je veux le garder, ne fût-ce que par sympathie.

Rentre LE PREMIER GEÔLIER.

PREMIER GEÔLIER. — Allons, Monsieur, êtes-vous à point pour la mort ?