Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Montégut, Hachette, 1873, tome 10.djvu/139

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SCÈNE V.

BRETAGNE. — La tente de CYMBELINE.
Entrent CYMBELINE, BELARITJS, GUIDERIUS, ARVIRAGUS, PISANIO, Seigneurs, officiers, gens de la suite.

CYMBELINE. — Placez-vous à mes côtés, vous que les Dieux ont faits les sauveurs de mon trône. Mon cœur s’afflige qu’on ne puisse trouver le pauvre soldat qui a combattu avec une si riche vaillance, dont les haillons ont humilié les armures dorées, dont la poitrine nue marchait au-devant des boucliers impénétrables : il sera heureux, si notre faveur a pouvoir et moyens de le rendre heureux, celui qui parviendra à le découvrir.

BELARIUS. — Je n’ai jamais vu une si noble furie dans un si pauvre être, ni de tels rares exploits chez un homme qui n’annonçait rien que misère et piteux état.

CYMBELINE. — On n’en a pas de nouvelles ?

PISANIO. — On l’a cherché parmi les morts et les vivants, mais on n’en trouve pas de traces.

CYMRELINE. — Je regrette d’hériter de la récompense qui lui était due ; je l’ajouterai aux vôtres (à Belarius, Guiclerius et Arviragus), vous, le foie, le cœur et le cerveau de la Bretagne, vous par qui je déclare qu’elle vit. Il est temps à cette heure de vous demander d’où vous venez : — apprenez-nous cela.

BELARIUS. — Sire, nous sommes nés en Cambrie, et nous sommes gentilshommes ; nous vanter d’autre chose ne serait ni loyal ni modeste, à moins d’ajouter, nous sommes honnêtes gens.

CYMBELINE. — Fléchissez vos genoux. — Relevez-vous, mes chevaliers de la bataille ; je vous crée compagnons de notre personne, — et je vous investirai de dignités conformes à votre rang.