service que vous trois m’avez rendu aujourd’hui est plus incroyable que l’histoire que tu racontes. Je perdis mes enfants : si ce sont eux qui sont là, je ne pourrais désirer un couple de plus nobles fils.
BELARIUS. — Daignez m’écouter encore. Ce gentilhomme que j’appelle Polydore, très-noble prince, est votre véritable Guiderius ; cet autre gentilhomme, mon Cadwa, est Arviragus, votre prince cadet ; celui-là, Sire, fut enveloppé dans un superbe manteau, ouvrage des mains de la reine sa mère, manteau que je puis aisément produire comme preuve.
CYMBELINE. — Guiderius avait au cou un signe, une étoile couleur de sang ; c’était une marque singulière.
BELARIUS. — Voici Guiderius ; il porte toujours cette marque que la nature, dans sa sagesse, lui donna pour qu’elle lui servît de témoin à cette heure.
CYMBELINE. — Oh ! snis-je donc comme une mère qui vient de donner naissance à trois enfants ? Jamais mère ne fut aussi joyeuse de sa délivrance. — Oh ! j’en prie les Dieux, soyez bénis, vous qui, après cet étrange éloignement de vos orbites, rentrez en eux pour y régner ! — Oh ! Imogène, tu perds un royaume à cet événement.
IMOGÈNE. — Non, Monseigneur ; j’ai gagné par cet événement deux univers. — Ô mes nobles frères, nous sommes-nous donc ainsi rencontrés ?’Oh ! ne dites pas désormais que je ne suis pas celle qui de nous trois est la plus véridique, : vous m’appeliez frère, lorsque je n’étais que votre sœur ; je vous appelais frères, lorsque vous étiez vraiment mes frères.
CYMBELINE. — Vous êtes-vous jamais rencontrés ?
ARVIRAGUS. — Oui, mon bon Seigneur.
GUIDERIUS. — Et nous l’avons aimée dès la première : entrevue, et nous avons continué de l’aimer jusqu’à ! l’heure où nous l’avons crue morte....
CORNÉLIUS. — De la potion de la reine qu’elle avait avalée.
CYMBELINE. — Oh ! merveille de l’instinct ! Quand donc apprendrai-je le récit complet de ces aventures ? Ce ré-