Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Montégut, Hachette, 1873, tome 10.djvu/152

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sumé à grands, traits a nécessairement des circonstances dont un récit détaillé montrera l’intérêt. — Où et comment avez-vous vécu ? Quand êtes-vous entrée au service de notre captif romain ? Comment vous êtes-vous séparée de vos frères ? Comment les avez-vous d’abord rencontrés ? Pourquoi avez-vous fui de notre cour, et où avez-vous fui ? Tous ces incidents, et les motifs qui vous ont poussés au combat, vous trois, ainsi que quantité d’autres choses, mériteraient autant de questions ; et puis tout l’enchaînement des circonstances, l’une engendrant l’autre ; mais ce n’est ni le temps ni le lieu convenables pour un long interrogatoire. Voyez, Posthumus s’accroche à Imogène, et elle, pareille à un éclair inoffensif, laisse glisser son œil sur lui, sur ses frères, sur moi, sur son maître, frappant chacun d’un regard de joie que chacun lui rend. Quittons ce lieu, et allons faire fumer le temple par nos sacrifices. (À Belarius.) Tu es mon frère : nous te tiendrons toujours pour tel.

IMOGÈNE. — Vous êtes aussi mon père, et c’est à vos secours que je dois de voir ce temps de bonheur,

CY’MBELINE. — Nous sommes tous saturés de joie, sauf ceux qui sont enchaînés ; qu’ils soient joyeux aussi, car ils doivent goûter de notre bonheur.

IMOGÈNE. — Mon bon maître, je puis encore vous rendre service.

LUCIUS. — Heureuse soyez-vous !

CYMBELINE. — Le soldat introuvable qui a si noblement combattu aurait bien tenu sa place dans cette scène, et aurait honoré les remerciments d’un roi.

POSTHUMUS. — Je suis, Sire, le soldat qui tint compagnie à ces trois-ci, sous un pauvre accoutrement qui convenait au but que je poursuivais alors. — Iachimo, déclarez que c’était moi : je vous ai tenu alors sous moi, et j’aurais pu mettre fin à vos jours.

IACHIMO. — Je suis une seconde fois terrassé ; mais à cette heure, c’est le poids de ma conscience qui me fait fléchir le genou, comme la première fois je l’ai fléchi sous, votre force. (Il s’agenouille.) Prenez, je vous en conjuré,