Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Montégut, Hachette, 1873, tome 10.djvu/153

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cette vie que je : vous dois tant de fois ; mais reprenez d’abord ; votre bague ; et voici le bracelet de la plus fidèle princesse qui jamais promit sa foi.

POSTHUMUS. — Ne vous agenouillez pas devant moi. Le pouvoir que j’ai sur vous, c’est de vous épargner ; le ressentiment que je vous porte, c’est de vous pardonner : vivez, et agissez plus honnêtement avec les autres.

CYMBELINE. — Sentence noblement rendue ! Notre gendre nous apprend quelle doit être notre générosité : pardon est le mot pour tous.

ARVIRAGUS. — Seigneur, vous nous avez assisté dans le combat, comme si vous aviez en effet l’intention d’être notre frère ; joyeux sommes-nous que vous-le soyez.

POSTHUMUS. — Votre serviteur, princes. — Mon bon Seigneur de Rome, appelez votre devin : pendant mon sommeil, il m’a semblé que le grand Jupiter, monté sur son aigle, m’apparaissait, en même temps que d’autres fantômes, figures de mes propres parents ; a mon réveil, j’ai trouvé sur, ma poitrine cet écrit dont le contenu est si difficile à comprendre que je ne puis en pénétrer le sens ; qu’il nous montre son talent en nous l’expliquant.

LUCIUS. — Philarmonus !

LE DEVIN. — Me voici, mon bon Seigneur.

Lucius. — Lisez, et exposez-nous le sens de cet écrit.

LE DEVIN, lisant. — à Lorsqu’un lionceau, à lui-même inconnu, trouvera sans la chercher et sera embrassé par une créature délicate comme l’air ; lorsque les branches retranchées d’un cèdre royal, mortes depuis de nombreuses années, revivront, se rejoindront au vieux tronc, et.reverdiront, alors Posthumus verra la fin de ses misères, la Bretagne sera fortunée, et fleurira, dans la paix et l’abondance. » Leonatus, tu es le lionceau ; ton nom décomposé donne exactement.cesens, puisqu’il est Leo-natus. (À Cymbeline.) Cette créature d’air délicat, ce que nous nommons mollis aer, est ta vertueuse fille ; et de mollis aer nous faisons mulier, laquelle mulier, je le devine, est ta très-fidèle épouse (à Posthumus), à toi, qui, pour réaliser le texte de l’oracle, as tout à l’heure été em-