Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Montégut, Hachette, 1873, tome 10.djvu/154

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brassé par cette vapeur délicate, que tu ne reconnaissais pas et que tu ne cherchais pas.

CYMBELINE. — Cela est assez plausible.

LE DEVIN. — Le cèdre élevé, royal Cymbeline, te personnifie : tes branches retranchées désignent tes deux fils qui, volés par Belarius et crus morts depuis tant d’années, revivent maintenant rejoints au cèdre majestueux, tes fils dont la postérité promet la paix et l’abondance à la Bretagne.

CYMBELINE. — Bien, et nous voulons commencer ces jours de paix. Caïus Lucius, bien que vainqueur, nous nous soumettons à César et à l’empire romain ; nous promettons de payer le tribut accoutumé ; nous ne l’avons refusé qu’à l’instigation de notre reine, que les cieux dans leur justice ont punie en abaissant sur elle et les siens une main très-pesante.

LE DEVIN. — Les mains des puissances suprêmes accordent elles-mêmes l’harmonie de cette paix. La vision que je révélai à Lucius avant le Commencement de cette bataille à peine refroidie, est en ce moment pleinement accomplie ; car l’aigle romaine, planant haut de l’ouest au sud, s’est amoindrie et s’est évanouie dans les rayons du soleil : ce qui signifiait que notre aigle princier, l’impérial César, renouvellerait son alliance avec le radieux Cymbeline qui brille ici dans l’ouest.

CYMBELINE. — Louons les Dieux, et que de nos autels bénis montent en spirales vers leurs narines les fumées de nos sacrifices ! Annonçons cette paix à tous nos sujets. Mettons-nous en marché ; qu’un drapeau romain et un drapeau breton flottent amicalement ensemble ; traversons ainsi la ville de Lud : nous ratifierons notre paix dans le temple du grand Jupiter, et nous la scellerons par des fêtes. En marche ici ! — Jamais on ne vit guerre se terminer par une telle paix, avant même que les mains ensanglantées fussent lavées. (Ils sortent.)