Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Montégut, Hachette, 1873, tome 10.djvu/42

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Rentre LA REINE.

CYMBÉLINE. — Ils étaient encore ensemble : vous n’avez pas agi d’après notre ordre. Partez avec elle, et enfermez-la !

LA REINE. — Je fais appel à votre patience. — Paix, chère Dame ma fille, paix ! — Doux souverain, laissez-nous à nous-mêmes, et que votre sagesse mieux avisée vous donne quelque consolation.

CYMBÉLINE. — Non, qu’elle languisse lentement, à une goutte de sang par jour ; et lorsqu’elle sera vieille, qu’elle meure des suites de cette folie ! (Sortent Cymbéline et les Seigneurs.)

LA REINE. — Fi ! — Il vous faut céder : voici votre serviteur.

Entre PISANIO.

LA REINE. — Eh bien, Blonsieur, quelles nouvelles ?

PISANIO. — Monseigneur votre fils a dégainé contre mon maître.

LA REINE. — Ah ! il n’est arrivé aucun accident, j’espère ?

PISANIO. — Il aurait pu en arriver un, si mon maître n’avait pas plutôt joué que combattu, et n’avait pas été dépourvu du stimulant de la colère : ils ont été séparés par des gentilshommes qui se trouvaient là.

LA REINE. — J’en suis très-heureuse.

IMOGÈNE. — Votre fils est l’ami de mon père, il prend son parti. Dégainer contre un exilé ! Oh, le brave Seigneur ! Je voudrais qu’ils fussent en Afrique face à face, et que j’y fusse moi-même avec une aiguille, afin de piquer celui qui tournerait le dos. Pourquoi avez-vous quitté votre maître ?

PISANIO. — C’est sur son ordre : il n’a pas voulu me permettre de le conduire jusqu’au port : il m’a laissé ces notes relatives aux ordres auxquels je devrai obéir, lorsqu’il vous plaira de m’employer.

LA REINE. — Cet homme a été votre fidèle serviteur : j’ose engager mon honneur qu’il continuera à rester tel.