Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Montégut, Hachette, 1873, tome 10.djvu/43

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PISANIO. — Je remercie humblement Votre Altesse.

LA REINE. — Je vous en prie, faisons un tour de promenade.

IMOGÈNE, à Pisanio. — D’ici à une demi-heure environ, venez me parler : vous devrez au moins aller voir embarquer mon Seigneur : pour le moment, laissez-moi. (Ils sortent.)

SCÈNE II.

En BRETAGNE. — Une place publique.
Entrent CLOTEN et DEUX SEIGNEURS.

PREMIER SEIGNEUR. — Seigneur, je vous conseillerais de changer de chemise : la violence de l’action vous a fait fumer comme un sacrifice : lorsqu’un courant d’air sort, un autre courant d’air entre : il n’y en a pas dans l’atmosphère d’aussi salubre que celui que vous exhalez.

CLOTEN. — Si ma chemise était ensanglantée, je pourrais en changer. — L’aide blessé ?

SECOND SEIGNEUR, a part. — Non, sur ma foi ; pas même sa patience.

PREMIER SEIGNEUR. — S’il est blessé ! s’il n’est pas blessé, son corps est une carcasse perméable : c’est un carrefour pour l’acier, s’il n’est pas blessé.

SECOND SEIGNEUR, a part. — Son épée avait, des dettes ; il est sorti par les derrières de la ville.

CLOTEN. — Le scélérat n’a pas voulu me tenir tête.

SECOND SEIGNEUR, à part. — Non, mais il a fui toujours en avant, en vous regardant en face.

PREMIER SEIGNEUR. — Vous tenir tête ! Vous avez suffisamment de terres à vous appartenant : mais il a ajouté à votre avoir ; il vous a cédé quelque peu de terrain.

SECOND SEIGNEUR, a part. — Autant de pouces que vous avez d’océans. — Ah, pantins que vous êtes !

CLOTEN. — Je voudrais qu’on ne nous eût pas séparés.

SECOND SEIGNEUR, à part. — Et moi aussi, jusqu’à ce