Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Montégut, Hachette, 1873, tome 10.djvu/55

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coucous. — Adieu, Pisanio ; réfléchis à mes paroles. (Sortent la Reine et les Dames.)

PISANIO. — Et ainsi, ferai-je : mais lorsque je me montrerai déloyal envers mon bon Seigneur, je m’étranglerai moi-même : voilà tout ce que je ferai pour vous. (Il sort.)

SCÈNE VI.

Un autre appartement dans le palais.
Entre IMOGÈNE.

IMOGÈNE. — Un père cruel, et une hypocrite belle-mère ; un sot qui poursuit de son amour une Dame mariée dont l’époux est banni ; — oh ! cet époux ! ma suprême couronne de douleur ! et ces tourments répétés à son sujet ! Heureuse eussé-je été, si j’avais été volée comme mes deux frères ! mais l’aspiration la plus glorieuse est la plus certaine d’avoir un résultat misérable : bienheureux sont ceux-là, quelque médiocre que soit leur condition, qui possèdent les objets de leurs honnêtes vœux, et qui en tirent leur durable satisfaction. — Qui cela peut-il être ? Fi !

Entrent PISANIO et IACHIMO.

PISANIO. — Madame, un noble gentilhomme de Rome vient, de la part de Monseigneur avec des lettres.

IACHIMO. — Vous changez de couleur, Madame ? Le noble Leonatus est en sûreté et fait présenter ses plus tendres compliments à Votre Altesse. (Il lui présente une lettre.)

IMOGÈNE. — Je vous remercie, mon bon Seigneur ; vous êtes le très-bienvenu.

IACHIMO, à part. — Tout ce qui se voit d’elle, aux portes de sa personne, est d’une extrême beauté ! Si elle est pourvue d’une âme aussi rare que son corps, elle est le phénix. d’Arabie, et.j’ai perdu. Je pari. Hardiesse, sois mon amie ! audace, arme-moi de la tête aux pieds !