Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Montégut, Hachette, 1873, tome 10.djvu/66

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loi elle-même n’en pourrait produire au grand jamais : Ce secret surpris le contraindra de croire que j’ai forcé la serrure et pris le trésor de son honneur. Assez. — A quelle fin ? pourquoi noterais’-je par écrit ce qui est si bien gravé, imprimé dans ma mémoire ? Elle lisait il y a un instant l’histoire de Térée ; la page est pliée à l’endroit où Philomèle se rendit [3] ; j’ai assez de preuves : — dans le coffre derechef, et fermons-en l’ouverture. — Vite, vite, dragons de la nuit, afin que l’aurore puisse ouvrir l’œil du corbeau ! Je suis blotti au sein même de la crainte : bien qu’elle soit un ange du ciel, l’enfer est ici. (L’horloge sonne.) Une, deux, trois, — il est temps, il est temps ! (Il rentre dans le coffre.)

SCÈNE III.

Une antichambre attenante à l’appartement d’IMOGÈNE.
Entrent CLOTEN et DES SEIGNEURS.

PREMIER SEIGNEUR. — Votre Seigneurie est l’homme le plus patient quand il perd, le plus froid qui ait jamais retourné un as.

CLOTEN. — Perdre rendrait tout homme froid.

PREMIER SEIGNEUR. — Mais non pas patient à la noble façon de Votre Seigneurie. Vous êtes vraiment chaud et furieux, lorsque vous gagnez.

CLOTEN. — Gagner donnerait du courage à n’importe qui. Si je pouvais obtenir cette sotte Imogène, j’aurais de l’or en quantité suffisante. Il est presque matin, n’est-ce pas ?

PREMIER SEIGNEUR. — Il est jour, Monseigneur.

CLOTEN. — Je voudrais que cette musique arrivât : on me conseille de lui donner de la musique le matin ; on me dit que cela la pénétrera.

Entrent DES MUSICIENS.

CLOTEN. — Avancez ; jouez. Si vous pouvez la pénétrer