Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Montégut, Hachette, 1873, tome 10.djvu/69

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l’honnête homme et qui sauve le voleur, qui quelquefois même fait.pendre à la fois honnête homme et voleur. Qu’est-ce qu’il ne peut pas faire et défaire ? Je vais prendre une de ses femmes pour avocat ; car je n’entends pas trop bien l’affaire moi-même. — Avec votre permission. (Il frappe.)

Entre UNE DAME.

LA DAME. — Qui frappe ici ?

CLOTEN. — Un gentilhomme.

LA DAME. — Et rien de plus ?

CLOTEN. — Si, le fils d’une Dame noble aussi.

LA DAME. — C’est plus que ne peuvent se vanter d’être à bon titre quelques individus qui ont des tailleurs aussi chers que les vôtres. Que demande Votre Seigneurie ?

CLOTEN. — La personne de votre maîtresse : est-elle prête ?

LA DAME. — Oui, à garder sa chambre.

CLOTEN. — Voici de l’or pour vous ; vendez-moi vos bons éloges.

LA DAME. — Qu’entendez-vous par là ? ma bonne renommée ? ou les rapports que je pourrai faire en bien sur vous ? — La princesse !

Entre IMOGÈNE.

CLOTEN. — Bonjour, ma sœur très-belle ; votre douce main. (Sort la Dame.)

IMOGÈNE. — Bonjour, Seigneur. Vous dépensez beaucoup trop de peine pour n’acheter que du trouble : les remerciments que j’ai à votre service se bornent à vous dire que je suis pauvre en remerciments et que je puis à peine en accorder.

CLOTEN. — Néanmoins, je vous jure que je vous aime toujours.

IMOGÈNE. — Si vous vous contentiez de le dire, cela ferait tout autant d’effet sur moi : mais si vous continuez à le jurer, votre récompense consistera ; toujours dans cette réponse que cela m’est égal.