Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Montégut, Hachette, 1873, tome 10.djvu/82

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beaux, grâce à vous, n’en seront que plus gras, et voilà tout.

LUCIUS. — Bien, Seigneur.

CYMBELINE. — Je connais les intentions de votre maître, il connaît les miennes : tout ce qui reste après cela, c’est, soyez le bienvenu. (Ils sortent.)

SCÈNE II.

Un autre appartement dans le palais.
Entre PISANIO avec une lettre.

PISANIO. — Comment ! d’adultère ? Pourquoi n’avez-vous pas écrit quel est le monstre qui l’accuse ? Leonatus ! mon maître ! quel poison étrange a pénétré dans ton oreille ! Quel fourbe Italien, — aussi empoisonneur de langue que demain, — a persuadé ton oreille trop complaisante ? Déloyale ! non : elle est punie pour sa fidélité, et elle soutient plus encore avec la force d’une déesse qu’avec la force d’une épouse, des assauts qui réduiraient toute autre vertu. O mon maître ! ton âme comparée à la sienne est à cette heure aussi basse, qu’était basse la fortune comparée, à sa fortune. Gomment ! que je l’assassine ? Voilà ce que tu m’ordonnes au nom de l’affection, . delà foi que mes serments ont enchaînées à ton obéissance ? — Moi, elle ? — Son sang ? — Si c’est, là ce qu’on appelle rendre un bon service, qu’on ne me tienne jamais pour bon serviteur. Quelle figure ai-je donc pour paraître dépourvu d’humanité au degré que supposerait cette action ? (Lisant.) « Fais cela : la lettre que je lui ai envoyée t’en fournira l’opportunité par l’ordre qu’ellemême te donnera, * O papier damné ! noir comme l’encre qui te couvre ! Ô chiffon insensible, peux-tu bien être le complaisant d’un tel acte, et cependant conserver extérieurement cette virginale blancheur ? Ah ! la voici qui vient. *~- Je vais paraître ignorant de l’ordre que j’ai reçu.