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Le Conte de l’Archer.

sommes nés bons comme l’affirment beaucoup de sages philosophes.

Mais laissons le tanneur à ses travaux et à ses beaux discours. Mentionnons cependant que la disparition du frère Étienne causa quelque émoi parmi les amis qu’il laissait à Chinon. Guillaume, qui n’avait plus guère que lui de compagnie pour écouter ses belliqueux propos, en éprouva une mauvaise humeur considérable. Mais intérieurement dame Mathurine, qui avait deviné que le moine n’avait pu se séparer de Tristan, était heureuse de penser que le pauvre enfant ne serait pas abandonné seul parmi la soldatesque du Roi. Isabeau se disait aussi que, par frère Étienne qui était grand clerc, elle aurait peut-être quelquefois des nouvelles de l’absent, et elle en éprouvait une secrète joie.

Restait maître Mathieu Clignebourde, qui ne disait absolument rien, mais qui prenait un petit air narquois en regardant passer le tanneur, comme si cet événement eût confirmé certains doutes qu’il avait conçus depuis longtemps. Oh ! la vilaine nature que ce Mathieu Clignebourde et qui ne croyait jamais au côté innocent des choses, lequel, il faut bien le dire d’ailleurs, est rarement le vrai ! Mais les malveillants n’en ont pas moins