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Chroniques du Temps passé.

tort à mon avis ; car si l’humanité est vraiment laide à considérer de trop près, c’est une raison de plus pour ne pas la regarder avec des lunettes, et y chercher des vilenies qu’on est certain d’y découvrir.

Il est bien plus sage, n’est-ce pas, de croire qu’elle se meut suivant les aspirations hautaines d’un idéal que chacun se fait soi-même ? Car les hommes ont ceci de remarquable aussi qu’ils n’ont pas encore appris à s’entendre sur ce qui est mal et sur ce qui est bien. Aussi ne sauraient-ils être assez tolérants les uns vis-à-vis des autres puisqu’ils ignorent la règle d’après laquelle ils seront jugés. Pour ce qui est du cas particulier de frère Étienne, les uns estiment que les moines devraient avant tout demeurer fidèles à leur vœu de sagesse, et les autres, qu’ils seraient bien sots de se priver de l’unique joie de ce monde, d’autant qu’un vœu qui est contre la nature est impie et ne saurait que déplaire au divin Créateur.

Le ciel me préserve d’entrer dans telle discussion qui est délicate avant tout et ne m’intéresse guère, puisque je ne fis jamais autre vœu que de donner à l’amour le meilleur de ma vie, lequel vœu j’ai jusqu’ici scrupuleusement observé, je vous le jure ; et si vous trouvez une dame de mes