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Le Conte de l’Archer.

maculées des lis et les fleurs éclatantes de genêts qui bordaient le chemin, à moins qu’il n’en coupât net les ailes ouvertes de quelque imprudent papillon. Le moine et le capitaine devisaient amicalement, sur le côté de la troupe.

— Croyez-vous, disait l’homme d’armes à l’homme de Dieu, que je puisse espérer aller en paradis après la vie de soudard que j’ai faite, massacrant par-ci et brûlant par-là, n’épargnant quiconque et me complaisant aux rigueurs de mon rude métier ?

— Cela dépend, répondait frère Étienne, et je vous avoue que si j’étais le maître souverain de toutes choses, je ne recevrais pas volontiers, dans mon éternelle maison, des gaillards de votre sorte qui ne peuvent y apporter que vacarme et troubles de toute sorte.

— Cependant, mon père, il n’est question dans les saints livres que de capitaines fameux à qui Dieu ouvrit toutes grandes les portes du bienheureux séjour, après les avoir, lui-même, incités et guidés dans leur cruelle tâche, et nous ne voyons pas, dans la Bible, qu’aucun titre ait été plus agréable au Seigneur que celui de Dieu des armées.

— C’est peut-être qu’en ce temps-là il n’avait