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Le Conte de l’Archer.

trois cents Spartiates, lequel est bien fait pour vous, bien que vous soyez certainement moins nombreux encore que ses soldats. Ils furent tous massacrés jusqu’au dernier et leur trépas n’arrêta guère la marche de l’ennemi, mais une gloire immortelle est demeurée à leurs noms, ou du moins à celui de leur chef. Car ce qui doit encore vous réconforter davantage, c’est l’idée que vos noms, à vous, seront parfaitement ignorés de l’avenir, qui se souviendra tout au plus de votre capitaine. Or donc, mes petits gaillards, allez-y d’estoc et de taille ! Quand serez tous morts, je ferai une belle oraison pour vous, rappelant au Seigneur que c’est aux pauvres d’esprit qu’il a promis le royaume des cieux.

Ainsi parla frère Étienne, puis but un grand coup, tout en regardant l’effet de ses fortifiantes paroles.

Tout était prêt pour le combat. Ses compagnons ne l’avaient vraisemblablement pas écouté. Quant au capitaine, il le vint remercier de ses chaudes exhortations.

— Combien je m’applaudis, lui dit-il, d’avoir acquis un tel chapelain !

Cependant la troupe ennemie s’ébranla ; on put voir distinctement les archers se grouper aux