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Le Conte de l’Archer.

de l’interroger sur la cause de tant de gaieté. Il ne s’en esclaffait que plus fort, tenant son gros ventre à deux mains comme s’il eût redouté de le voir partir et tomber à terre.

Beaucoup, dans la ville, dont je n’ai pas jugé à propos de vous parler, comme inutiles à mon dire, regrettaient la belle humeur du moine, son esprit jovial et ses franches façons. Il manquait surtout aux mariages. Car, durant les repas de noces, il avait accoutumé de conter mille joyeusetés qui faisaient rougir la nouvelle épousée au grand orgueil de son légitime amoureux.

Deux êtres seulement se sentaient heureux d’un événement qui rendait Tristan moins abandonné dans la bruyante solitude des combats. Vous entendez comme moi dame Mathurine qui, du coup, pardonna au moine de l’avoir depuis longtemps mal servie de souvenirs, et Isabeau qui, en même temps que la fleur de coquelicot, avait décidément donné quelque chose de son cœur au jeune archer.

Et la chose était plus visible encore quand quelque prétendu lui était présenté parmi les meilleurs partis de la ville. Car si maître Mathieu Clignebourde avait dû à son incurable paresse de demeurer pauvre et sans biens au soleil, sa fille