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Chroniques du Temps passé.

était un trésor de beauté qui valait mieux que bien des richesses. L’or vivant de ses cheveux avait plus de rayons que celui des plus belles monnaies à l’effigie de nos rois, et dans ses yeux luisaient, non pas des pierreries, mais des étoiles. Vous me direz qu’aujourd’hui une fille coiffe fort bien sainte Catherine avec tous les appâts du monde. Mais il n’en était pas ainsi sous le règne de Louis le Onzième, où les jeunes gens estimaient que les charmes naturels de la femme entrent pour quelque chose dans les honnêtes voluptés du ménage, pour ce qu’on couche plus ordinairement dans son lit que dans sa cassette.

Blâme qui voudra ce préjugé, mais il est mien, et, si c’était là le lieu de philosopher, vous dirais-je bien que je ne sais pas de plus grand crime au monde que de prendre une femme laide en légitime mariage.

Au fait, pourquoi ne le ferais-je pas en quelques mots, ne fût-ce que pour la conversion de mes trop cupides contemporains ?

Et d’abord si, comme l’a dit messire Platon qui ne passait pas pour une bête, la Beauté est la splendeur du Vrai, ce qui veut dire qu’en la Beauté demeurent aussi la Vérité et la Vertu, c’est un devoir de s’attacher exclusivement à celle-ci, et