Page:Sima qian chavannes memoires historiques v3.djvu/242

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Le dais du char ta-lou est en étoffe non teinte. Au sacrifice kiao, le bonnet de cérémonie est en chanvre[1]. Lorsqu’on prend les habits de deuil, on commence par laisser retomber la ceinture de chanvre. C’est là une seule et même idée.

Dans les lamentations de trois ans[2], les lamentations ne sont pas modulées[3]. Dans le chant où on célèbre le pur temple ancestral[4], un seul chanteur mène le chant et trois autres l’accompagnent. On suspend une cloche et on frappe en haut la traverse qui la supporte[5]. La guitare aux cordes rouges est percée d’un trou[6]. C’est là une seule et même idée.

Tout rite commence à la négligence, atteint sa perfection à la politesse et se termine à la satisfaction[7]. C’est pourquoi, quand le rite est au complet, les sentiments

  1. Cf. Luen yu, IX, 3 : « Le bonnet en chanvre est celui qui est prescrit par les rites. »
  2. Les lamentations à l’occasion de la mort du père ou de la mère.
  3. Litt. : « ne reviennent pas ». Ces lamentations sont prolongées sur un seul ton et n’ont, par conséquent, rien d’harmonieux ; on ne s’inquiète pas ici de l’harmonie ; c’est cette même idée qui se retrouve dans les phrases suivantes.
  4. La première des odes sacrificatoires des Tcheou dans le Che King, et par suite, toute la décade en tête de laquelle se trouve cette ode, porte le titre de « Le pur temple ancestral, ts’ing miao  » ; cf. Legge, Chinese Classics, vol. IV, p. 569 et S. B. E., vol. XXVIII, p. 253, avant-dernière ligne. C’est à cette ode ou à cette dizaine d’odes que Se-ma Ts’ien fait ici allusion. Quoique ce chant eût une très grande importance rituelle, l’exécution en était confiée à un fort petit nombre de chanteurs pour montrer que la beauté de la musique était accessoire et non essentielle.
  5. Au lieu de frapper la cloche, on frappe la traverse qui la supporte, afin de montrer qu’on n’attache aucune valeur à la beauté du son.
  6. Cf. note 115. Le trou percé au fond de la guitare rendait les sons moins mélodieux.
  7. Le rite commence au moment où il y aurait négligence ou impolitesse à ne pas l’observer ; il atteint sa perfection dans la politesse ; enfin il se termine à la satisfaction que l’homme éprouve après un échange de politesses.