Page:Sima qian chavannes memoires historiques v3.djvu/25

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qu’ils eurent un père ; ils eurent un père, car ils sont tous deux fils[1] de Hoang-ti. Cela n’est-il pas en contradiction avec (le Livre des) Vers ?

Maître Tch’ou répondit :

— Il n’en est point ainsi. (Le Livre des) Vers dit que Sie fut engendré par un œuf et Heou-tsi par les traces de pas d’un homme ; il veut manifester (ainsi) l’idée que (ces personnages) furent prédestinés par le Ciel et eurent la réalité de la perfection. (Mais) les mânes et les dieux ne peuvent (rien) accomplir d’eux seuls ; il faut un homme pour qu’il y ait génération ; comment donc (ces personnages) auraient-ils pu être engendrés sans avoir de père ? En un sens, ils eurent un père ; en un autre sens, ils n’eurent pas de père. Les choses certaines sont transmises comme certaines ; les choses douteuses sont transmises comme douteuses ; c’est pourquoi il y a un double sens. Yao savait que Sie et (Heou)-tsi étaient tous deux des sages et qu’ils avaient été engendrés par le Ciel ; il donna donc à Sie un fief de soixante-dix li ; plus de dix générations après, survint T’ang qui régna sur l’empire : Yao savait que, dans la suite, les descendants de Heou-tsi régneraient ; il lui donna donc un fief plus étendu de cent li ; dans la postérité de (Heou-tsi), après un millier d’années, apparut le roi Wen qui posséda l’empire.

Les commentaires (du Livre) des Vers[2] disent que

  1. Le mot « fils » est pris ici dans le sens de « descendant ». En effet, d’après Se-ma Ts’ien, Sie et Heou-tsi furent tous deux fils de Kao-sin, c’est-à-dire de l’empereur K’ou, qui était lui-même arrière-petit-fils de Hoang-ti.
  2. D’après Se-ma Tcheng, l’expression [] désignerait les Livres complémentaires qui se rattachent au cycle du Livre des Vers. Sur les Wei ou Livres complémentaires, cf. tome I, n. 00.165 ad fin.