Page:Sima qian chavannes memoires historiques v3.djvu/263

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réfrénant les cruels et les honneurs élevant les sages, alors le gouvernement est équitable. On se sert de la bonté pour témoigner l’affection, et de la justice pour maintenir la rectitude, et, quand il en est ainsi, le peuple est bien gouverné et agit comme il le doit.

La musique vient du dedans ; les rites sont établis du dehors. La musique venant du dedans (produit) donc le calme ; les rites étant établis du dehors (produisent) donc la politesse. La plus grande musique est toujours simple ; les plus grands rites sont toujours modérés[1].

Quand la musique est parfaite, il n’y a plus de haine ; quand les rites sont parfaits, il n’y a plus de querelles[2]. En saluant et en cédant gouverner l’empire, c’est la parole qui s’applique aux rites et à la musique[3]. L’oppression du peuple ne se produit plus ; les seigneurs sont respectueux et obéissants ; les armes offensives et défensives ne sont plus mises en usage ; les cinq supplices ne sont plus employés ; les cent familles sont sans chagrin ; le Fils du Ciel est sans irritation ; quand il en est ainsi, c’est que la musique pénètre tout. Maintenir l’affection entre les pères et les fils, mettre en lumière la hiérarchie entre les aînés et les cadets et ainsi établir le respect à l’intérieur des quatre mers, quand le Fils du

  1. On a vu plus haut que la musique et les rites les plus nobles étaient ceux du temple ancestral ; or cette musique se distingue par sa simplicité et ces rites sont dénués d’apparat.
  2. L’affection produite par la musique prévient la haine ; le respect produit par les rites empêche les querelles.
  3. Lorsque les rites et la musique sont parfaits, le souverain gouverne sans avoir besoin d’agir ; l’expression « saluer et céder » qui désigne cette bienheureuse inaction du prince peut être rapprochée de l’expression « les vêtements tombants à terre et les mains jointes pour saluer », qui est employée dans le même sens. Cf. tome II, n. 06.507.