Page:Sima qian chavannes memoires historiques v3.djvu/29

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conforme aux époques indiquées par le Ciel pour lever des soldats, pour punir et pour combattre de manière à être utile (aux hommes), celui-là c’est le roi[1] dont la prospérité s’étend sur mille générations ; tels les rois de Chou, descendants de Hoang-ti[2]. Jusqu’à nos jours, bien que (ces rois) soient à cinq mille li au sud de Han[3], ils n’ont jamais cessé de venir rendre hommage à la cour, de témoigner de leur soumission et d’apporter leurs offrandes aux Han. (S’il en est ainsi), n’est-ce pas parce que la vertu que posséda leur ancêtre[4] se répandit bienfaisante sur les générations qui suivirent ? Celui qui pratique la raison et la vertu, comment pourrait-il être anéanti ? Parmi les hommes, ceux qui sont princes et rois sont élevés et on les admire[5].

Le général en chef des Han, Houo Tse-mong[6], qui avait

  1. Le roi par excellence est inférieur en vertu à l’empereur (cf. n. 153) ; cependant il assure encore à ses descendants une prospérité qui dure pendant mille générations.
  2. Cette descendance n’est prouvée par aucune généalogie ; Tchang Cheou-tsie cite un texte d’après lequel les ancêtres des rois de Chou (le Se-tch’oan actuel) auraient été investis de leur fief parce qu’ils étaient parents de l’empereur par les femmes ; en effet Hoang-ti passe pour avoir épousé une femme de Si-ling, pays qui se trouvait au sud-ouest de la Chine et, d’autre part, Tch’ang-i, fils de Hoang-ti, épousa une femme du pays de Chou (cf. tome I, p. 34 et p. 36).
  3. La Chine proprement dite, gouvernée au temps de Tch’ou Chao-suen par la dynastie Han.
  4. C’est-à-dire Hoang-ti.
  5. J’admets que la citation faite par Tch’ou Chao-suen se prolonge jusqu’ici ; mais cette opinion est hypothétique.
  6. La biographie de Houo Koang se trouve dans le chapitre LXVIII du Ts’ien Han chou. Cf. Mayers, Manual n° 170. Houo Koang était fils de Houo-Tchong jou et frère cadet du célèbre général Houo K’iu-p’ing (cf. Mém. hist., chap. CXI). A la mort de l’empereur Ou (87 av. J.-C.), il fut chargé de la régence, en même temps que Kin Je-ti, pendant la minorité de l’empereur Tchao. A la mort de ce souverain, survenue en 74 avant J.-C., Houo Koang fit mettre sur le trône un petit-fils de l’empereur Ou qui devint l’empereur Siuen (73-49 av. J.-C.). Houo Koang mourut en 68 avant J.-C. — Il est vraisemblable que tout le paragraphe qu’on va lire est une flatterie par laquelle Tch’ou Chao-suen cherche à se concilier les bonnes grâces de quelques fils ou petit-fils de Houo Koang en rattachant, par des raisons fort contestables, la généalogie de ce personnage à Hoang-ti.