Page:Sima qian chavannes memoires historiques v3.djvu/307

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esprits des morts et les dieux. Mais la vertu et la justice de Votre Altesse sont minces ; vous n’êtes pas digne de les entendre. Si vous les entendiez, vous seriez près de votre ruine.

Le duc P’ing dit :

— Je suis vieux. Les sons que j’aime, je désire les entendre.

Maître Koang, ne pouvant faire autrement, attira à lui son luth et joua ; dès le premier air, des nuages blancs s’élevèrent au nord-ouest ; au second air, un grand vent arriva et la pluie le suivit ; il fit voler les tuiles de la véranda. Les assistants s’enfuirent tous ; le duc P’ing, saisi de terreur, resta prosterné à terre entre la chambre et la véranda. Le royaume de Tsin souffrit d’une grande sécheresse qui rendit la terre rouge pendant trois années. — Ce qu’on entend, ou porte bonheur, ou porte malheur ; une musique ne doit pas être faite inconsidérément.

Le duc grand astrologue dit : Dans la haute antiquité, les rois sages, lorsqu’ils instituaient une musique, n’avaient pas en vue de récréer leur cœur et de se réjouir, d’être agréables à leurs propres pensées et de complaire à leurs propres désirs ; mais ils se proposaient de s’en servir pour bien gouverner. Les enseignements corrects ont tous leur principe dans les sons musicaux ; quand les sons musicaux sont corrects, la conduite (des hommes) est correcte. Les sons et la musique sont ce qui agite et ébranle les artères et les veines, ce qui traverse et parcourt les esprits vitaux et ce qui donne au cœur l’harmonie et la correction ; ainsi, la note kong émeut la rate et (met l’homme) en harmonie avec la sainteté parfaite ; la note chang émeut le poumon et (met l’homme) en harmonie avec la justice parfaite ; la note kio émeut le foie et (met l’homme) en harmonie avec la bonté parfaite ; la note tche émeut le cœur et (met l’homme) en harmonie avec les rites parfaits ; la note yu émeut les reins et