Page:Sima qian chavannes memoires historiques v3.djvu/313

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estimés et leurs princes étaient honorés ; de leurs temps ils furent illustres et exaltés. N’est-ce pas là ce qu’on peut appeler la gloire[1] ?

Que dire donc de ces lettrés de notre temps qui sont aveugles sur les grandes questions, qui n’apprécient pas justement ce qui est léger et ce qui est lourd, qui ne savent qu’aboyer les mots de vertu et de transformation et dire qu’il ne faut pas se servir des armes de guerre ? En mettant les choses au pire, ils amèneront la détresse et la honte et la perte du (pays confié à) notre garde ; à tout le moins ils produiront les invasions et les révoltes ; ils nous diminueront et nous affaibliront. Et cependant ils se tiennent fermes à la position invariable (qu’ils ont adoptée)[2] ! Ainsi on ne peut négliger dans la famille l’instruction et les verges, on ne peut renoncer dans le royaume aux supplices et aux châtiments ; on ne peut faire cesser dans l’empire les exterminations et les répressions. Parmi ceux qui dirigent les affaires, il y a les habiles et les maladroits ; parmi ceux qui agissent, il y a les soumis et les rebelles.

Kie de (la dynastie) Hia, et Tcheou de (la dynastie) Yn maîtrisaient avec la main les loups[3] ; ils poursuivaient en courant à pied un quadrige ; leur bravoure n’était pas mince ; en cent combats ils remportèrent la victoire.

Les seigneurs les craignaient et leur étaient soumis.

  1. Ce paragraphe mentionne les souverains de l’antiquité et les seigneurs de l’époque plus récente des Tcheou qui employèrent avec succès les armes de guerre.
  2. Cette virulente apostrophe aux lettrés est très digne de remarque. Elle fait comprendre que les Mémoires historiques aient été souvent regardés par les lettrés comme un ouvrage hostile à leur école. Se-ma Ts’ien paraît se faire ici l’écho des récriminations des militaires contre les « intellectuels » de son temps.
  3. Cf. tome I, p. 199, ligne 9.