Page:Sima qian chavannes memoires historiques v3.djvu/315

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et Tch’ao-sien[1], à l’époque où les Ts’in avaient toute leur puissance, dépendaient de l’empire et étaient des sujets et des fils ; ensuite, au contraire, ils ont pris en main les armes et ont suscité des obstacles ; tourbillonnant et se démenant comme des insectes, ils nous ont observés et regardés de loin. Au temps de Kao-tsou, l’empire venait d’être raffermi ; les hommes et le peuple avaient peu de tranquillité ; il ne fut point encore possible d’entrer en campagne. Maintenant, Votre Majesté par sa bonté et sa compassion a rassuré les cent familles ; ses bienfaits se sont étendus (sur le pays) à l’intérieur des mers ; il faudra donc que les officiers et le peuple soient heureux d’être employés à corriger et à punir ces partis de rebelles, afin d’unifier le territoire.

(L’empereur Hiao-wen répondit :

— Lorsque j’ai pu prendre possession de la robe et du bonnet viril, mes pensées ne s’étaient point élevées jusqu’à ceci[2]. Il est arrivé que, lors des troubles de la famille Lu, les ministres illustres et les membres de la famille impériale m’ont tous, sans (songer à la) honte (qu’ils encouraient), mis par erreur à la place suprême. — Si sans cesse on combat et l’on est sur le qui-vive, je crains que cette manière de faire ne finisse pas bien. — En outre les armes de guerre sont des instruments néfastes ; même si l’on obtient par la victoire ce qu’on désire, (le simple fait) qu’on les a mises en mouvement n’en est pas moins fâcheux et nuisible. Quelle excuse donnerai-je aux cent familles et aux contrées éloignées ? — D’ailleurs, les empereurs, mes prédécesseurs, savaient que les fatigues du peuple ne doivent pas être multipliées. C’est

  1. Cf. Mémoires historiques, chap. CXV.
  2. C’est-à-dire : Je ne pensais pas que je pourrais un jour devenir empereur.