Page:Sima qian chavannes memoires historiques v3.djvu/43

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les êtres s’achèvent et arrivent à maturité. Aussi ceux qui entreprennent apparaissent-ils toujours au sud-est ; ceux qui recueillent la gloire réelle apparaissent toujours au nord-ouest. Ainsi, Yu fleurit parmi les K’iang occidentaux[1] ; T’ang prit son essor à Po[2] ; lorsque les Tcheou devinrent rois, ce fut en partant de Fong et de Hao[3] qu’ils vainquirent les Yn ; lorsque les Ts’in devinrent empereurs, ce fut grâce à la province de Yong[4] qu’ils furent prospères ; lorsque les Han arrivèrent au pouvoir, ce fut en venant (des régions) de Chou et de Han[5]. Après que Ts’in eut atteint son but, il brûla dans tout l’empire le Che (King) et le Chou (King) et surtout les Mémoires historiques des seigneurs, parce que ces textes fournissaient des armes pour censurer et critiquer

  1. Cf. tome I, p. 9, n. 3. Yu serait né dans le Se-tch’oan.
  2. D’après Siu Koang, la ville de Po correspondrait à la préfecture de Tou, dans la commanderie de King-tchao ; elle se trouverait donc aujourd’hui au nord de la sous-préfecture de Hou, préfecture de Si-ngan, province de Chàn-si. Cette identification conviendrait bien à ce passage dont l’intention est de prouver que les grands hommes sont venus de l’ouest de l’empire. En général cependant, les critiques chinois placent la ville de Po dans le Ho-nan actuel. Cf. tome I, n. 03.117.
  3. Cf. tome I, n. 04.145. et n. 04.247. .
  4. Cf. tome I, n. 02.205.
  5. Cf. tome II, p. 285, ligne 19. — Sous cette théorie absurde de l’apparition des grands hommes dans l’ouest, se cache un fait réel et important, à savoir que quelques-unes des premières dynasties qui se succédèrent en Chine avaient eu leur origine dans l’ouest ; il semble que la Chine ancienne ait été envahie à diverses reprises par des peuples barbares venus de l’ouest et du sud-ouest et que ces conquêtes furent l’occasion des changements de dynastie. Cf. tome I, n. 04.185 ad fin., et tome II, n. 05.312, ad fin. Tel ne fut point cependant le cas pour la dynastie des Han et notre remarque ne s’applique guère qu’aux Tcheou et aux Ts’in.