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LA CORVÉE

« Si seulement un de vous autres est assez homme pour soulever la charge à l’autre bout, dans trois minutes elle sera rendue ! » L’auteur de cette bravade visait à sortir de l’impasse en sauvant un peu l’honneur. Sa provocation risquait de tomber dans le vide ; car c’était s’atteler à une tâche tout-à-fait ardue et périlleuse. Personne ne riait. C’est à ce moment plein d’angoisse que Thomas avança, l’allure déterminée ; les bras recourbés en dedans, il lia deux billots avec une chaîne, plaça au-dessus celui du milieu, et donna le signal du départ. L’étrange cortège s’ébranla sous les hourras acclamatifs de la foule, l’Américain soutenant le fardeau en arrière, les chevaux ventre à terre, les jarrets tendus sous l’effort. Le temps de faire claquer son fouet cinq ou six coups, et voilà le raidillon gravi, et le gallon de rhum du vieux Capistran acquis à ses compagnons.

Il s’ensuivit un véritable tollé : les