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LA CORVÉE

taires, toujours occupés de l’exploit récent, dételaient tranquillement leurs montures, leur donnaient la portion et conjecturaient sur la résistance de l’attelage de Tiquenne. Celui-ci, fier comme Artaban, ne cessait de caresser de sa rude main la croupe de ses percherons qu’il n’eût cédés, ce jour-là, pour aucun prix.

Le coup d’appétit fut singulièrement animé. Sans souci du protocole, on but pèle-mêle à la santé de Landry, des chevaux, de Lésime, des créatures, de Guertin, de tout le monde.

Plusieurs chansons ajoutèrent à l’entrain du repas. Pierre Leclerc, un peu oublié au cours de la besogne, retrouva soudain toute sa supériorité à table, et puisa largement dans la cruche de rhum de son copain Capistran, dans le baril de bière d’orge de Lésime.

Ces ripailles terminées, les hôtes de Lésime continuèrent à jouir de son hospitalité en dégustant de longues pipes de tabac du pays, pendant que les plus ingambes d’entre eux exerçaient leurs capacités athlétiques en tirant au poignet ou à la jambette dans l’herbe. Puis le sentiment du devoir les ramena au chantier.

À huit heures, les gens de la corvée étaient presque tous repartis, par rapport au train ; grâce