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UNE COURVÉE DANS LES BOIS-FRANCS

rien qu’une grillade de lard à manger, pis je m’ennuyais pour mourir… je pensais à ma pauvre défunte mère qui pleurait tant quand j’ai parti de St-Barthélemy… j’avais pas entendu parler d’elle depuis trois mois…

Et la pauvre femme s’essuyait les yeux avec le coin de son tablier. Les autres avaient le cœur trop gros pour pouvoir proférer une parole… Elles pensaient, elles aussi, à leurs débuts qui avaient été très rudes.

— Ah ! c’est pas rien de laisser des belles paroisses comme St-Michel et pis St-Charles pour s’en venir rester sur des terres neuves, reprit Rose, une jolie blonde aux traits candides, qui étendait sur le parquet du chœur de belles catalognes blanches.

— Pis, d’élever une grosse famille avec tant de misère, continua la femme de Benjamin Paquet.

— Ah oui Seigneur ! exclama Benjamin qui l’avait entendue.

— Mais, quand on s’aime, s’écrièrent les autres femmes, redevenues subitement joyeuses… c’est ben du trouble… mais il faut ben faire quelque chose pour gagner le ciel…