Page:Sophocle, trad. Leconte de Lisle, 1877.djvu/137

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LE CHŒUR.

Ô misère effroyable aux hommes ! Ô la plus affreuse de toutes celles que j’aie jamais vues ! Quelle démence t’a saisi, ô malheureux ? Quel Daimôn, par de tels maux, a rendu pire la destinée mauvaise que la Moire t’avait faite ? Je ne puis te regarder, bien que je désire t’interroger sur beaucoup de choses, ni t’entendre ni te voir, tant tu me pénètres d’horreur !

OIDIPOUS.

Hélas, hélas ! ah ! malheureux que je suis ! Où vais-je sur la terre, malheureux ? Où s’envole ma voix ? Ô Daimôn, où m’as-tu jeté ?

LE CHŒUR.

Dans une horrible détresse qu’on ne peut ni voir, ni entendre.

OIDIPOUS.
Strophe I.

Ô nuage exécrable de ma nuit, qui m’as envahi, lamentable, invincible, irrémédiable ! Hélas sur moi ! Hélas ! encore. Les pointes amères de mon mal et le souvenir de mes crimes me déchirent à la fois.

LE CHŒUR.

Il n’est pas étonnant, certes, qu’en proie à tant de misères, tu ressentes une double peine et un double fardeau.