Page:Sophocle, trad. Leconte de Lisle, 1877.djvu/194

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habitera toujours la terre de Thèba, et rien n’en restera à mes fils, et c’est assez qu’ils doivent y mourir. Ne te semble-t-il pas que je sache mieux que toi les choses Thèbaiennes ? Beaucoup mieux, certes ; et j’en ai des témoins manifestes, Apollôn et Zeus même qui est son père. Et tu es venu avec des paroles très-rusées et très-aiguës, mais elles te vaudront plus de mal que de bien. À la vérité, je sais que cela ne te persuadera point. Va ! et laisse-nous vivre ici. Notre vie ne sera point mauvaise, telle qu’elle est, s’il nous plaît de vivre ainsi.

KRÉÔN.

Penses-tu qu’il y ait plus de danger pour moi que pour toi dans ta résolution ?

OIDIPOUS.

Il me sera très-doux que tu ne parviennes à persuader ni moi, ni ceux-ci.

KRÉÔN.

Ô malheureux ! ne seras-tu jamais sage malgré le temps, et vivras-tu, honte de la vieillesse ?

OIDIPOUS.

Tu es habile par la langue ; mais je ne connais aucun homme juste qui puisse bien parler sur toute chose.

KRÉÔN.

Autre chose est de parler beaucoup, autre chose de parler à propos.