Page:Sophocle, trad. Leconte de Lisle, 1877.djvu/295

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d’avoir prononcé une parole, soit bonne, soit mauvaise.

LE MESSAGER.

J’en suis étonné comme toi-même. Cependant je me flatte de l’espoir qu’ayant appris la mort de son fils, elle n’a pas voulu se lamenter par la Ville, mais que, retirée dans sa demeure, elle va en avertir ses servantes, afin qu’elles pleurent ce malheur domestique. Car elle ne manque pas de sagesse au point de faillir en quelque chose.

LE CHŒUR.

Je ne sais ; mais il me semble qu’un trop grand silence annonce d’aussi cruels malheurs que des cris répétés et sans frein.

LE MESSAGER.

Nous saurons bientôt, entrés dans la demeure, ce qu’elle cache dans son cœur irrité ; car, tu dis bien : un trop grand silence est effrayant en effet.

LE CHŒUR.

Voici venir le Roi lui-même, portant dans ses bras, s’il m’est permis de le dire, un gage éclatant du malheur qui lui est infligé, non par un autre, mais par sa propre faute.

KRÉÔN.
Strophe I.

Ô fautes amères et mortelles d’un esprit insensé ! Oh ! voyez ces meurtriers et ces victimes, tous d’une même