Page:Sophocle, trad. Leconte de Lisle, 1877.djvu/419

La bibliothèque libre.
Aller à la navigation Aller à la recherche
Cette page a été validée par deux contributeurs.

TEKMÈSSA.

Qu’ils rient et qu’ils se réjouissent donc des maux de celui-ci ! Peut-être, le désirant moins quand il vivait, le pleureront-ils mort, dans le regret de sa lance ; car les insensés qui possédaient un bien ne l’estiment que lorsqu’ils l’ont perdu. Il est plus cruel pour moi qu’il ait péri que cela ne leur est agréable ; mais pour lui cela est doux, puisqu’il possède ce qu’il désirait et qu’il est mort comme il l’a voulu. Qu’ont donc ceux-ci à rire de lui ? Il a été tué par les Dieux, et non, certes, par eux. Qu’Odysseus prodigue donc ses vains outrages ! Désormais, pour eux, Aias n’est plus ; mais il est mort, me laissant les douleurs et les lamentations.




TEUKROS.

Malheur à moi !

LE CHŒUR.

Tais-toi, car il me semble entendre la voix de Teukros poussant une clameur qui atteint la hauteur de cette calamité.

TEUKROS.

Ô très cher Aias, ô chère tête fraternelle, c’en est-il donc fait de toi, comme le dit la renommée ?

LE CHŒUR.

L’homme est mort, Teukros, sache-le.

TEUKROS.

Hélas ! ô malheur terrible pour moi !